Les agents IA autonomes sont en train de redéfinir les contours de l’entreprise, combinant autonomie, adaptabilité et apprentissage pour gérer des tâches complexes de façon plus complète que les bots ou les workflows traditionnels. Mais des défis subsistent en matière d’intégration, de gouvernance ou de supervision. Comment les organisations peuvent-elles adopter des agents IA tout en protégeant les données, en maintenant la confiance et en évitant les conséquences involontaires des décisions autonomes ?

Agents IA : un guide pour comprendre et déployer l’intelligence artificielle autonome

Les agents IA sont des systèmes logiciels autonomes qui utilisent l’IA pour percevoir leur environnement, raisonner, planifier et exécuter des tâches complexes sans supervision humaine constante. Le déploiement à grande échelle d’agents IA autonomes est appelée à révolutionner l’automatisation en entreprise.

Ces agents vont bien au-delà de simples scripts ou de bots basés sur des règles : ils apprennent, s’adaptent, se coordonnent et agissent de manière autonome (comme leur nom l’indique). Alors que l’automatisation traditionnelle exécute des étapes prédéfinies et que les chatbots répondent selon des paramètres fixes, les agents IA peuvent naviguer dynamiquement dans les workflows, pivoter en fonction du contexte et s’optimiser selon différents inputs. Il s’agit d’un nouveau paradigme, dans lequel les systèmes digitaux ne se contentent pas de suivre les ordres, mais tracent leur propre voie vers des objectifs définis.

La courbe de croissance des agents IA reflète le vif intérêt du marché et la demande croissante pour cette technologie. Selon une enquête de PwC, 88 % des dirigeants prévoient d’augmenter les budgets consacrés à l’IA cette année, en grande partie sous l’impulsion de l’IA agentique, et 66 % des adoptants d’agents IA font déjà état de gains de productivité. Grand View Research prévoit que le marché mondial des agents IA passera d’environ 5,4 milliards de dollars en 2024 à plus de 50 milliards de dollars en 2030. Ces chiffres montrent clairement que les entreprises considèrent les agents IA non pas comme de simples curiosités expérimentales, mais comme des leviers stratégiques.

Qu’est-ce qu’un agent IA ? Définition et caractéristiques essentielles

Les agents IA sont des systèmes logiciels autonomes conçus pour fonctionner avec une supervision humaine minimale. Ils perçoivent leur environnement, raisonnent à partir des données dont ils disposent, planifient des stratégies et agissent pour atteindre des objectifs définis. Contrairement aux scripts de base ou aux bots qui ne font que suivre des instructions prédéfinies, les agents IA s’adaptent de manière dynamique, ce qui les destine tout particulièrement à l’exécution de tâches complexes en entreprise.

Leurs principales caractéristiques sont les suivantes :

  • Autonomie : fonctionnent sans être guidés pas à pas par un humain

  • Réactivité : perçoivent les changements dans l’environnement et réagissent en conséquence

  • Proactivité : prennent l’initiative de poursuivre des objectifs plutôt que d’attendre des déclencheurs

  • Apprentissage : améliorent les performances au fil du temps grâce aux feedbacks et aux nouvelles données

  • Interaction sociale : collaborent avec d’autres systèmes, agents ou humains pour atteindre des objectifs

Les composants essentiels qui sous-tendent ces différentes capacités sont les suivants :

  • Fondation LLM : les grands modèles de langage sont capables de raisonner et maîtrisent parfaitement le langage naturel.

  • Intégration d’outils : l’accès aux API, aux bases de données et aux systèmes d’entreprise permet d’étendre leurs fonctionnalités.

  • Systèmes de mémoire : les mémoires à court et à long terme assurent la continuité des actions et la prise en compte du contexte.

  • Comportement axé sur les objectifs : les agents prennent des décisions basées sur la réalisation d’objectifs finaux explicites.

Cette combinaison d’autonomie, d’adaptabilité et d’intégration permet aux agents IA d’effectuer des tâches qui dépassent de loin le périmètre traditionnel de l’automatisation.

Mécanique des agents IA : architecture et processus

Les agents IA suivent généralement un processus itératif qui passe par la définition d’objectifs, la collecte d’informations, la planification, l’exécution et l’évaluation. Ce workflow simplifié illustre schématiquement leur mode de fonctionnement :

  1. Définition des objectifs : l’agent se voit confier un objectif final (par exemple, « optimiser les niveaux de stocks » ou « répondre aux questions des clients »).

  2. Collecte d’informations : l’agent interroge des systèmes internes, des API externes, des bases de connaissances ou des données de capteurs pour établir un contexte situationnel.

  3. Planification des tâches : sur la base de son objectif et des données recueillies, l’agent décompose le travail qu’il doit effectuer en sous-tâches, détermine une séquence d’actions et sélectionne les outils ou les modules dont il aura besoin.

  4. Exécution : l’agent invoque des outils, des API ou des systèmes en aval pour exécuter des tâches secondaires.

  5. Évaluation et feedback : l’agent examine les résultats, mesure le succès (ou l’échec) par rapport aux métriques définies, met à jour l’état interne ou la mémoire, et revient en arrière pour affiner.

Une technique utilisée sur de nombreux agents est le framework ReAct (Reasoning and Acting). Dans ReAct, un modèle de langage alterne entre des étapes de raisonnement (délibération interne de type chaîne de pensée) et des étapes d’action (utilisation d’outils ou appels d’API). Cet entrelacement d’étapes permet à l’agent de mettre à jour les plans de manière dynamique en fonction des observations. 

Sous le capot, l’architecture peut être divisée en plusieurs couches modulaires :

  • Modules de perception : ces modules gèrent le traitement des inputs (analyse de texte, extraction d’entités, réception de données de capteurs ou d’événements).

  • Moteur de raisonnement : ce « cerveau » planifie, évalue les possibilités et décide des actions à entreprendre.

  • Interface exécuteur/outil d’action : ces wrappers ou adaptateurs invoquent des API, exécutent du code ou interagissent avec des systèmes externes.

  • Systèmes de mémoire : la mémoire à court terme, la mémoire épisodique ou la mémoire à long terme peuvent se souvenir de faits, de contextes ou de plans antérieurs.

Dans les entreprises, les agents doivent s’intégrer aux systèmes existants tels que les ERP, les CRM et les bases de données. Ils agissent souvent comme des microservices ou des plugins qui appellent ou peuvent être appelés par des systèmes existants. En outre, les agents peuvent opérer dans un régime multi-agents où plusieurs agents collaborent, délèguent, négocient ou coordonnent des tâches. Ces systèmes nécessitent une communication inter-agents, des contextes ou des registres partagés et une logique d’orchestration. 

Dans les configurations plus avancées, une architecture de référence cartographie les flux de données, l’orchestration des agents et les registres (agents, données) dans un système coordonné pour un déploiement transverse à toute l’entreprise. 

Agents IA vs chatbots et automatisation : comprendre les différences

L’automatisation a évolué au fil du temps dans les entreprises. Traditionnellement, les processus automatisés pouvaient gérer des tâches répétitives et structurées. Les chatbots y ont ajouté une couche conversationnelle, bien que limitée à des flux scriptés. Les agents IA apportent désormais un raisonnement contextuel et une capacité d’adaptation qui leur permet de gérer des situations non structurées ou imprévisibles.

Voici une comparaison entre l’automatisation traditionnelle, les chatbots et les agents IA :

Capacité

Automatisation traditionnelle

Chatbots

Agents IA

Autonomie

Exécute des scripts fixes

Répond uniquement à des inputs

Agit de manière indépendante pour atteindre les objectifs fixés

Adaptabilité

Aucune

Limités, prédéfinis

Dynamiques, conscients du contexte

Apprentissage

Aucun

Minime, voire nul

Amélioration continue

Prise de décision

Basée sur des règles

Conversation scriptée

Raisonnement et planification contextuels

Ces différentes technologies ont toujours leur place. L’automatisation excelle dans des processus répétitifs à fort volume. Les chatbots restent précieux pour répondre aux questions fréquentes des clients et pour les interactions transactionnelles. De leur côté, les agents IA brillent lorsque les objectifs sont complexes, que les données sont dynamiques ou que les décisions doivent s’adapter en temps réel. 

Dans la pratique, ces systèmes fonctionnent souvent mieux ensemble : par exemple, un agent IA peut superviser les workflows tout en déléguant les sous-tâches de routine à l’automatisation et en confiant le dialogue avec les clients à un chatbot.

Types d’agents IA et domaines d’application

Il existe plusieurs types d’agents IA, chacun étant adapté à des tâches ou à des domaines conceptuels spécifiques :

  • Agents conversationnels : conçus pour le dialogue, ces agents analysent les inputs en langage naturel et produisent des réponses à la manière d’un humain.

  • Agents d’automatisation des tâches : axés sur l’exécution de workflows – par exemple, « programmer cette réunion », « traiter la facture », « provisionner une machine virtuelle ».

  • Agents analytiques : agissent comme des assistants décisionnels – ils ingèrent des données, génèrent des informations, recommandent des actions ou prennent des décisions de manière autonome.

  • Agents multimodaux : ces agents fonctionnent selon plusieurs modalités (texte, vision, son, données de capteurs) pour interpréter et agir dans des environnements richement sensoriels.

Les domaines d’application couvrent de nombreux secteurs :

  • Service client : les agents conversationnels gèrent les tickets d’assistance, le tri et les remontées de dossiers.

  • Automatisation des ventes : les agents qualifient les prospects, programment des démonstrations ou mettent à jour les CRM.

  • Tâches administratives : les agents peuvent coordonner de multiples calendrier ou rédiger des documents.

  • Analyse des données : les agents ingèrent des journaux ou des métriques, détectent les anomalies et proposent ou exécutent des mesures correctives.

Parmi les types d’agents spécialisés, citons les agents vocaux (tels que les assistants vocaux dans les centres d’appels), les agents de négociation de cryptomonnaies (qui exécutent des signaux d’achat/de vente de manière autonome), les agents de référencement SEO (qui surveillent les classements, mettent à jour les contenus, analysent les backlinks) et les agents de workflows d’entreprise (qui supervisent des processus multi-étapes de bout en bout). Dans le domaine de la protection des données, les agents peuvent également optimiser les processus de sauvegarde dans le cloud, en automatisant la planification et la restauration avec un minimum de supervision manuelle.

Rubrik utilise déjà des agents IA dans le cadre de ses solutions de protection des données et de sécurité. Par exemple, Ruby, un assistant IA intégré à Rubrik Security Cloud, aide les équipes à enquêter plus rapidement sur les incidents, guide les étapes de restauration et réduit les efforts manuels liés à la protection des données et aux opérations de sécurité. Lorsque les systèmes autonomes commettent des erreurs, Agent Rewind capture chaque action de l’agent et effectue un retour arrière (rollback) sélectif. Et pour alimenter les workloads d’IA en toute sécurité, Annapurna octroie aux outils d’IA un accès aux données régi par des politiques garantes de la conformité et de la sécurité de l’entreprise.

Comment créer un agent IA pour votre entreprise

Cette méthodologie simplifiée vous permettra de progresser du concept initial à la mise en production de l’agent :

  1. Définition de l’objectif : commencez par un objectif final clair (par exemple, « classer et répondre automatiquement aux tickets d’assistance » ou « optimiser les commandes sur la chaîne d’approvisionnement »).

  2. Sélection des outils : choisissez le(s) LLM(s), les frameworks, les API et les jeux d’outils que vous intégrerez (par exemple, LangChain, les bibliothèques d’orchestration d’agents, les magasins de vecteurs, etc.).

  3. Préparation des données d’entraînement : rassemblez, nettoyez, étiquetez et structurez les jeux de données que votre agent utilisera (bases de connaissances, journaux historiques, documents de domaine, etc.)

  4. Configuration des intégrations : connectez l’agent aux systèmes de l’entreprise (CRM, ERP, data lakes, API) et installez des adaptateurs d’outils ou des wrappers.

  5. Entraînement, tests et déploiement : formez l’agent (fine-tuning, intégration ou prompt-tuning), validez-le au moyen d’une série de tests et de simulations, puis déployez-le et assurez un suivi avec boucles de feedback.

Pour ce qui est du build des agents, plusieurs options s’offrent à vous :

  • Plateformes no-code/low-code : ces plateformes permettent aux développeurs de créer des agents avec un minimum de codage. Elles permettent ainsi un prototypage plus rapide, mais leur flexibilité est limitée.

  • Développement sur mesure : ce type de développement vous permet de contrôler entièrement l’architecture, les outils et la logique. Il exige certes davantage d’efforts, mais le résultat peut être personnalisé et scalabilisé.

  • Frameworks/plateformes d’agents d’entreprise : il s’agit d’une solution intermédiaire entre les deux autres options. Des composants réutilisables et des fonctionnalités de gouvernance sont intégrés, mais le résultat reste extensible.

Voici les principaux obstacles susceptibles de se dresser sur votre parcours :

  • Qualité des données : des données de mauvaise qualité, incohérentes ou éparses réduisent les performances. Investissez dans la gouvernance des données.

  • Complexité des intégrations : les systèmes existants peuvent manquer d’API ou de documentation. Prévoyez des adaptateurs et des mécanismes de gestion des erreurs.

  • Faible adoption par les utilisateurs : les utilisateurs peuvent se méfier des systèmes autonomes. Commencez par des modèles HITL (human-in-the-loop) et assurez suffisamment de transparence.

  • Optimisation des performances : la latence, le coût du modèle et le débit peuvent limiter l’utilité des agents. Utilisez la mise en cache, l’élagage des modèles (model pruning) et l’exécution asynchrone.

Pour une référence technique plus approfondie sur la conception et le développement de la logique des agents, consultez le "guide pratique du développement d’agents" sur le site d’OpenAI. Et pour les architectures d’orchestration d’entreprise et les modèles de coordination, consultez le document "Orchestrating Agents and Data for Enterprise: A Blueprint Architecture for Compound AI."

Cas d’usage concrets d’agents IA en entreprise

Bien que l’IA agentique n’en soit qu’à ses balbutiements, cette technologie a déjà remporté quelques francs succès dans le monde réel : 

  • L’IA agentique au service de la détection des fraudes, du KYC/AML et de la conformité dans la banque : les établissements financiers commencent à déployer des « usines d’agents d’IA » qui gèrent des workflows de bout en bout, comme l’onboarding des clients dans le cadre de procédures « Know Your Customer », le suivi des transactions, le filtrage des sanctions et les investigations de fraudes. Dans l’exemple d’une grande banque internationale, des équipes d’agents IA exécutent des tâches allant de l’extraction de données à la recherche, au filtrage et à l’examen d’informations négatives dans les médias, ce qui permet d’accélérer le traitement et d’augmenter considérablement la productivité. Les humains supervisent ces agents plutôt que d’effectuer eux-mêmes le travail manuellement. Un autre établissement financier utilise des agents IA pour lutter contre la fraude: concrètement, les agents surveillent les transactions en temps réel, détectent les anomalies et engagent les actions appropriées (par exemple, geler le compte, faire remonter le dossier, etc.) au lieu de se contenter de déclencher des alertes.

  • Agents conversationnels pour la prise de renseignements sur les escroqueries aux paiements : en Inde, un système appelé CASE (Conversational Agent for Scam Elucidation) déploie un agent qui interroge de potentielles victimes d’escroquerie, recueille des informations structurées et les achemine vers des workflows d’intervention. Cela s’est traduit par une augmentation de 21 % du taux de répression des escroqueries.

Au-delà de ces différents secteurs, les agents IA jouent également un rôle croissant dans la sécurité des données d’entreprise, leur mission consistant à surveiller le comportement des systèmes, détecter des anomalies et déclencher des actions de protection en temps réel.

Tendances et perspectives de développement des agents IA

Les agents IA évoluent rapidement vers plus d’autonomie, de spécialisation et d’interopérabilité. Parmi les domaines de développement émergents figurent les systèmes multi-agents qui répartissent des workflows complexes entre des agents spécialisés, permettant ainsi la collaboration avec des humains et d’autres systèmes. Des études sur les « super-agents » montrent également que les modèles routent les tâches de manière dynamique entre les sous-agents ou les backends pour plus d’efficacité.

Les plateformes et les frameworks no-code démocratiseront le développement d’agents dans les secteurs de la finance, de la santé ou de la cybersécurité. Quant à « l’Internet agentique », il émergera probablement autour de normes communes pour la communication inter-plateformes. Les entreprises devraient dès à présent déployer des agents sur des domaines contrôlés dans le cadre de projets pilotes, en investissant très tôt dans des mécanismes de gouvernance et de rollback, et en concevant des systèmes modulaires capables de s’étendre à des écosystèmes d’agents interopérables.

Définissez votre stratégie d’agents IA

Les agents IA représentent un changement structurel dans la manière dont les entreprises automatisent, analysent et s’adaptent. Pour les dirigeants d’entreprise, le mot d’ordre est simple : commencez petit, mais commencez tout de suite. Qu’il s’agisse d’une consultation, d’un PoC (Proof of Concept) ou d’un projet pilote ciblé, une familiarisation précoce avec les agents IA permettra d’acquérir les connaissances et la confiance nécessaires à un déploiement à l’échelle de l’entreprise.

Les partenariats avec des acteurs technologiques et les intégrateurs systèmes permettront d’intégrer la logique des agents aux systèmes existants et de veiller à son alignement sur les objectifs stratégiques, permettant ainsi d’atteindre plus rapidement les objectifs.

Rubrik est déjà très présent dans ce domaine. Son assistant Ruby AI aide les équipes de sécurité à rationaliser l’investigation et la restauration de données. Avec Agent Rewind, Rubrik propose une grande nouveauté dans le secteur : un « bouton d’annulation » qui permet de revenir en arrière lorsque les agents IA commettent des erreurs.

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